Chapelle romane de Vénéjan
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Sauvegarde de la chapelle romaneUne histoire d’amour et de fidélité de 30 ans1970, une année crucialeLes derniers succès obtenus par les manifestations culturelles données sous les voûtes de la chapelle romane, allant de l’art choral au théâtre populaire avec l’AFR (Association Familiale Rurale), en passant par l’art lyrique avec les soirées musicales, appellent à une obligation de mémoire. Un rappel de la genèse qui a concouru à ce résultat est nécessaire pour satisfaire les personnes désireuses de connaître le processus de réhabilitation de l’édifice. Dès 1969, Louis Brun, nouvellement installé à Vénéjan, lance ainsi dans la presse un cri d’alarme. Ouverte aux quatre vents, régulièrement visitée par les vandales, la chapelle disparaissait sous le lierre et les buissons et menaçait de s’écraser irrémédiablement. Le toit n’était plus qu’un amas de gravats où proliféraient les chênes verts et une végétation disparate. Conscient, le maire, Elie Bergier, crée un comité de restauration et de sauvegarde dont le but immédiat est de préserver la chapelle d’une destruction totale. Composé d’une dizaine de membres, le groupe, sous la présidence de Jacques Peschier, qui assurera fidèlement ces fonctions jusqu’à ce jour, s’attelle à la tâche que certains qualifient d’utopie, tant elle paraît alors irréalisable. Le défi est tout de même lancé et les volontaires se retrouvent « sur le tas », munis de pelles, pioches, brouettes et de beaucoup de courage. Ils étaient une bonne vingtaine d’adultes et de nombreux jeunes, le premier jour, à s’activer au nettoyage…. L’année 1970 fut une année cruciale où furent pensées les grandes lignes des principaux objectifs. Pour sensibiliser et rallier les bonnes volontés, le comité de restauration édite une affiche illustrée « Histoire de Vénéjan » et plusieurs dépliants. Après avoir rendu les abords praticables et mis le bâtiment hors de l’eau, c’est la nef qui est, tant bien que mal, aménagée provisoirement pour son accessibilité. Le programme d’activités peu à peu s’élabore. Au milieu de l’été, un concert est donné par les professeurs de l’école de musique de Bagnols, MM. Gérard, Dubreuil et Chave, qui, symboliquement, amènent leurs premières notes à l’édifice à peine sorti du naufrage. Les aménagements sont encore précaires, mais l’exemple des aînés a su réveiller la flamme au sein de la jeunesse, animée par Ernest Martin de Bagnols, le 1er mécène de l’action de sauvegarde. Aussi a-t-il été décidé pour fixer ces bonnes volontés en herbe, de réunir les jeunes gens en un comité junior dont le bureau fut composé comme suit : président, Fabrice Bagnol, vice-président, François Chiousse ; trésorier, Rémy Anglezan ; trésorier adjoint, Jean P. Vigouroux ; secrétaire, Gérard Fonouni, secrétaire adjoint, Serge Bagnol ; membres, Joël, Jean Claude et Hubert Lucini, Daniel Gaubil, Patrick Fleury. L’action était lancée…
Après des années d’efforts, la chapelle est inscrite à l’inventairedes Monuments historiques
Désormais, aînés et jeunes, la main dans la main, ne vont ménager ni leur temps, ni leur ardeur. La chapelle va devenir l’objet de toutes leurs attentions. Chacun, petit à petit, mais efficacement, se place et se confirme dans la tâche qui convient le mieux à ses aptitudes (soudure, maçonnerie, ferronnerie, publicité ou encore mise en valeur des vielles pierres). Le départ est irrémédiablement donné à une épopée qui va durer plus de vingt ans, d’autant plus qu’un courant de sympathie vient, comme une vague déferlante, encourager tous ces restaurateurs bénévoles. La prise de conscience qui permit une action concertée entre eux et la municipalité porta rapidement ses fruits, dès l’année 1971, avec l’accueil de la mairie pendant les vacances de jeunes Parisiens avides de soleil et de contact avec la pierre et la vie rurale. Ces équipes, dont la plupart appartenaient au scoutisme, se succédèrent avec enthousiasme pour continuer à débroussailler, déblayer, étayer, reconstruire, colmater brèches et lézardes, mêlés aux jeunes du comité junior avec lesquels ils avaient tissé un réseau d’amitié et de contacts fructueux. Les matériaux employés se récupérèrent sur des chantiers de démolition ou chez des amis de la chapelle. D’autre part, les cotisations et les dons permettaient de faire face aux frais divers. Mais restaurer un site n’est pas l’aboutissement d’une action de sauvegarde, encore faut-il animer. Ce à quoi on s’employa activement : concerts, veillées provençales, théâtrales et expositions de peinture prirent possession des lieux et se diversifièrent au cours des temps. Par une soirée mémorable de juillet, « l’Arlésienne » fut représentée devant le vieux moulin. Ce spectacle fit date dans les annales culturelles locales et la presse en fit de large comptes rendus en réunissant dans une même gerbe de louanges les Ménestrels, la Respelido, les Baladins, les Inséparables et le public, qui avaient su exploiter le décor idéal du moulin, digne de Daudet. La première messe de minuit y fut célébrée, selon la tradition provençale, par l’abbé Lafuite, enfant du pays. Elle fut suivie de bien d’autres jusqu’à la disparition de celui-ci en 1977. Pendant une dizaine d’années, jusqu’en 1980, avait lieu au mois de mai, sous l’égide d’Henri Reynard, le rassemblement des groupes folkloriques régionaux (10 à 12 selon les années). La restauration suivait son cours au gré des circonstances et des disponibilités humaines et financières (consolidation du toit et pose des tuiles, dotation d’une cloche, plantation de résineux aux abords de la chapelle). En 1986, elle est inscrite à l’inventaire des monuments historiques avec, pour corollaire, la possibilité de bénéficier de subsides. C’est la période où l’on découvre les peintures du XIVe siècle qui seront mises en valeur sous la responsabilité des Beaux Arts. On dut attendre les années 90 pour que l’intérieur reçoive l’aménagement définitif (dalles, balustres et vitraux) et les façades extérieures leur cure de jouvence. C’est aussi l’époque où ont émergé du lot des manifestations : le salon des arts et les soirées musicales qui sont devenus une institution régionale, fait qui assure la sauvegarde du monument dans l’avenir avec Jacques Peschier, toujours à la barre. Marc BAGNOL
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